PETITE HISTOIRE
DES GRANDS MOMENTS DE START

Par Paule STOPPA

Le président, Gilbert Baud

Voici l’histoire, la mémorable histoire des grands moments de stArt, dont il faudra bien qu’un jour, quelque historien curieux des mouvements de l’art dans notre ville, des manifestations qui ont animé, fécondé, la vie culturelle de notre région, tienne compte, étudie la naissance, la place, le déroulement et l’impact.
StArt, c’est au cours des années 85-89 que les prémices de son apparition dans le paysage artistique et culturel de la ville d’abord, du département et de la région, voire des contrées voisines et pays étrangers ensuite, devinrent perceptibles. C’est alors que naquit l’aventure, au cours de ce temps où nombre des membres actuels de stArt, participaient aux premiers balbutiements de la Fondation Sicard-Iperti, ou montraient, à La Frache, chez le sculpteur Michel ANASSE, dans un grenier de l’Ubaye superbement transformé en salle d’exposition, l’œuvre peint, les dessins et sculptures d’Edmond VERNASSA, les tableaux d’EPPELE, les toiles de sac de J.J. LAURENT, etc.
Plus farfelue mais non moins efficace, l’action conduite dans cette même vallée, de concert avec la population, pour maintenir sur place, le 2 ème B.C.A., menacé de transfert. « A propos du tunnel », une idée à creuser, tel fut le mot d’ordre : on suggérait -nous sommes en 89- un tunnel reliant Londres à La Promenade des Anglais en passant par le tunnel sous la Manche, et par un autre à créer sous le Col de la Bonnette. Des pancartes loufoques mêlées aux revendications populaires, sans compter les certificats de participation délivrés sur place, pimentaient l’opération, organisée par Michel ANASSE et le concours de Gilbert BAUD, avec J.G. MOULIN., M. THIBAUDIN, RUFAS, J.J. LAURENT, SYLANASSE, THEVENIN, LE MALIN, Gael ANASSE, RENE-GILLES, WARNECK, DOLAN, MASSONI, etc. En 89 toujours, le « Castel des Arts » voyait le jour, mis en place par Alain PRUVOST et Gilbert BAUD, tandis que l’on inaugurait, à LA TRINITE, le monument à la gloire du bicentenaire de la révolution, sculpture monumentale d’Edmond VERNASSA, avec encore, la collaboration de Gilbert BAUD.

StArt, ce fut, en I990, dans le jardin de Jean Gustave MOULIN, rue Maréchal Joffre, qu’on en jeta les fondements. Par une exposition, un concours de sculptures méditerranéennes. Dix artistes, présélectionnés par un jury, et choisis parmi les 3I participants originaires et NICE et de I7 autres villes de France, prétèrent leur concours à ce prix Jean MOULIN de la sculpture, en juin I99O. On put admirer les travaux de LAVARENNE – pour lequel public vota- de RUFAS, de REYBOZ, SIFFREDI, BARBAT, BOURRON, DULCERES, POX, GIRELLI. Le jeune cannois Dominique THEVENIN obtint le prix. Quatre sculptures furent vendues... A la même époque naissait à Vallauris la Fondation SICARD-IPERTI, dont Gilbert BAUD allait organiser l’existence jusqu’en I996. Les sculptures du plasticien hongrois Anton PRINNER, les photos d’André VILLERS et les peintures de Beppe SCHIAVETTA, inauguraient ce nouvel espace d’art contemporain, soutenu par un article de Christian LOUBET, de l’université de Nice. RUFAS, J.J. LAURENT, Monique THIBAUDIN, CHARVOLEN, MACCAFERRI, MIGUEL, WARNECK, HSIAO CHIN, HEYLIGERS, CERF, HEBREARD, EPPELE, BEN, CHUBAC, FARIOLI, etc.. y furent exposés avec le concours de StArt. Il y eut aussi bien d’autres expositions de groupe, aux titres prometteurs : «L’œuvre et le regard », «Huit sur du goudron », « Dessins à Desseins », « Color-action, color-azione », « Rencontres sous regards ». On put y savourer « La balade photographique » d’André VILLERS dans une peinture de CARLIN.

Avant sa fermeture, survenue en décembre I993, la fondation Sicard-Iperti avait donné à voir «La légende fleurie» de Martine ORSONI, les œuvres de Jacqueline GAINON, «L’absence », une rétrospective d’Edmond VERNASSA, «les Photographes» d’André VILLERS, et pour conclure la « Suite barbare et autres vanités» de François GOALEC. Des textes de Jacques LEPAGE, Michel DRAY, Raphaël MONTICELLI, Michel GAUDET, Michel BUTOR, des catalogues souvent conçus par Gilbert BAUD, Président de StArt, infatigable conseiller artistique, accompagnaient ces travaux. Et comment passer sous silence la belle revue ALIAS, aujourd’hui disparue, à laquelle nous participâmes tous, le temps de ses treize numéros...

Parallèlement, bien d’autres lieux étaient investis. De novembre 87 à janvier 88, Edmond VERNASSA exposa à SOPHIA ANTIPOLIS «Des papiers froissés aux contraintes de Plexiglas ». En 9I, le peintre Viviane KAANTOR et le sculpteur Olivier ROY présentèrent leurs travaux au Mas de la Pagane, à Antibes. On put voir, cette année là, à la Fête du Château, les travaux d’une trentaine d’artistes « à la bonne franquette », et pardon de ne pouvoir les nommer tous. Ce fût aussi l’exposition de Gérard Lestrade à Villefranche, d’ Olivier ROY chez EFA. De 1989 à 1992, ce furent « les poulaillers de Vecchio », prés de Sophia Antipolis qui débouchèrent sur la création de la galerie VECCHIO, en 1993 à Cannes, à l’organisation de laquelle Gilbert BAUD prêta son concours, et où furent exposés RUFAS, DOLAN, BRAINOS, HOUEIX, GAUGENOT.

Sous la toujours dynamique impulsion de son président, stArt déploya ensuite, et de 94 à 96, géographiquement ses activités vers Malaucene, (Vaucluse), où l’on présenta Jacqueline GAINON, LAURENT, REYBOZ, GOALEC. On alla exposer à la Galerie Falchi de Levico, (Italie) : Olivier ROY, Jean-Jacques LAURENT, NIVESE; à la Foire de Bologne : Olivier ROY, Carlos CARLE, Odile CULAS ; à PERGINE, (Italie) : une sélection d’artistes de PACA ; à Amsterdam, -mais aussi Nice et Antibes : Leonardo ROSA. Associez à cet impressionnant tableau, le travail graphique, les catalogues, tout particulièrement celui de «l’ECOLE DE NICE », exposée au JAPON, introuvable en France. Ajoutez – comment le passer sous silence ! - l’exposition, aux Cyclades à Antibes, et à la Galerie

«Ymage» à Nice, des œuvres de Bruno LUCCHI. Ajoutez, aux Cyclades toujours, Yvon LE BELLEC, et à Vallauris, en 96, dans le regretté CEAC, la mémorable expérience de «Mélanges », treize livres-objets co-produits par treize trios comprenant chacun un peintre, un écrivain et le céramiste Yvan Kœnig pour les emboîtages. Sans compter les participations à Art Jonction International, au salon d’Art, et à différentes foires ou fêtes du livre.

En I997, stArt s’installa 6 rue de France, à Nice. C’est dans cet «Espace sur cour» le bien nommé, que naquirent les activités du moment. En 97, par exemple, en collaboration avec le CEAC de Vallauris-Golfe Juan, eut lieu une manifestation consacrée aux Affichistes : DUFRENE, R.HAINS, ROTELLA, VILLEGLE dont Gilbert BAUD et Frédéric ALTMANN - ce dernier vice-président de stArt - en furent les réalisateurs.

Nombreux furent les artistes dont on put découvrir ou goûter les créations à «Espace sur cour»: ROSA, REYBOZ, LOOKACE BAMBER, MACCAFERRI, BONIFACE, J.J. CONDOM, J.G. MOULIN, NIVESE, WEIBEL, OSYNSKI, VERNASSA, BARJOL, , les photos de F. ALTMANN, les enveloppes de Martine GUEE, les « peu » de Jean MAS, André BLAVIER du Collège de ‘Pataphysique... En ce lieu intervinrent Michel BUTOR, Leonardo ROSA, Alain FREIXE et Raphaël MONTICELLI dans le cadre de la « Butoriade » de 98... Puis en 99, on organisa à Carros, la grande rétrospective Leonardo ROSA, à laquelle chacun participa. Il y eut un important et superbe catalogue, digne des catalogues édités précédemment, pour le sculpteur LAVARENNE, les peintres LUCCHI, J.J. LAURENT, SHIN SOOHEE. Chez stArt, artistes, écrivains, journalistes, amis des arts se rencontraient. On y débattait avec les artistes et les écrivains MONTICELLI, FREIXE, Paule STOPPA, SIMONELLI, ALTMANN, on y présentait les ouvrages de L’Amourier, de L’Ormaie, on exposait les œuvres de BONIFACE, les travaux du peintre naïf ENZO, de Vallauris, les photos de P.A.U, les dessins de J. LUCAS, l’œuvre noire de Jurgen WALLER, les miroirs de TARIDE et l’on regrettait l’absence de Raymond HAINS maintes fois programmé...

ESPACE SUR COUR, lieu, non seulement d’expositions, de présentation de livres d’artistes, mais aussi de rencontres, débats et réflexion, ferma sa porte, faute de moyens pécuniaires et humains. « Fin de parcours pour Espace sur Cour » annonça-t-on, en Décembre 2000, après un dernier et mémorable événement : l’exposition des « Campements II » du bâtisseur et sculpteur Yvon LE BELLEC, de ses bronzes patinés et peints, inspirés par l’Afrique noire. Participèrent aux deux ouvrages édités par les éditions de L’Ormaie et stArt : André VERDET, Michel GAUDET, Jacques SIMONELLI, François GOALEC, pour les textes et Frédéric Altmann, André VILLERS, Alkis VOLIOTIS pour la photographie.

Est-ce à dire que stArt mourut devant les portes closes de ses anciens locaux ? Ce serait méconnaître la pugnacité de Gilbert BAUD, son président, lequel, reprenant son bâton de pèlerin, s’en alla, côté Vallauris, proposer à l’Atelier 49, alors sous la responsabilité d’Olivier ROY, un cycle de rencontres “Art et Architecture”. Ainsi eut lieu en 2001, “La tête carrée”, un projet conçu par SOSNO et BAYARD qui vinrent à cette occasion parler de la future bibliothèque de Nice, en expliquer la genèse, en montrer les images. Ce, bien avant son inauguration. En 2002, Guy ROTTIER, “l’anArchitecte” exposa en ces lieux, ses projets utopistes. Puis, à son tour, l’Atelier 49 dut fermer sa galerie. Mais après une exposition, à la fois grandiose et bonne enfant, à laquelle nous participâmes tous : “110 artistes 10x10”. Ce fut une fin pétulante et glorieuse. Mais de l’Atelier 49 seulement, car, entre temps, s’était accentué le partenariat de stArt avec « l’International Academy of Arts » et son directeur Jürgen WALLER. Là furent exposés, à partir d’octobre 2002, nombre des artistes de stArt : Jean-Louis CHARPENTIER, Hubert WEIBEL. En 2003 : les travaux de TARIDE, REYBOZ, NIVESE, ALTMANN, VERNASSA, BAYARD, KREFELD, J.J. LAURENT, PIANO, LOOKACE BAMBER. En 2004 : LE BELLEC, ISTVAN HAASZ, CURSARO, Yves BOUJOT, Margaret MICHEL, artistes que l’on retrouvera en 2005 exposés à Brême et Budapest, dans le cadre d’échanges internationaux.

A quoi ne se résument pas les activités de stArt, qui, parallèlement, concevait des ouvrages et catalogues d’artistes, tels que ceux de LAVARENNE, GAITZSCH, LE BELLEC. A Carros, stArt prêta son concours aux rétrospectives de Leonardo ROSA, Jürgen WALLER, Michel GAUDET, de Hans HARTUNG, méditerranéen ou de MORINI (un superbe hommage à l’ami trop tôt disparu). A Antibes, à la Galerie des Cyclades, chez Alkis VIOLOTIS, ami fidèle, on mit en place les œuvres de Léonardo ROSA, de Jean-Jacques LAURENT ou LE BELLEC. Et comment passer sous silence, l’exposition “ART et EAU” au SIEVI de Carros, en 2003, où 27 artistes créèrent des installations sur le thème de l’eau ?

Quinze ans déjà, et quel bilan ! Quel extraordinaire déploiement d’idées, d’énergies et d’actions originales ! Quelle résistance aussi ! « Dans l’art, dit Tadeuz Kantor, il faut créer l’état de résistance ». Quinze ans déjà, n’est-ce pas, Gilbert BAUD qu’on résiste ! Quinze ans de stArt qu’on fêtera bientôt, et plus encore, à la Maison des Artistes de CAGNES S/MER et à la Galerie des Cyclades à Antibes, de décembre 2004 à janvier 2005, avec 2 expositions retentissantes. Et la participation de 45 Artistes. Ce qu’ils proposent ? Leur réflexion sur l’œuvre et ses preliminaires par le biais de « DESSINS À DESSEINS ». A vous mettre, lecteurs, historiens et critiques, le pied à l’étrier, l’eau à la bouche.

Paule STOPPA

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